This little text is a prequel for my fic "Nouvelle Lumière" and is a sort of "song fic".
Par delà les étoiles
« Jouer des apparences
Et tout faire pour être belle
Déjouer l'évidence
Que personne n'est éternel
Seul on rêve à des jours
Des nuits meilleures
Mais seul on le devient
On le demeure, dans son cœur »
Sofia Essaidi & Christopher Stills « Cléopâtre », « Tout est éphémère »Palais royal d’Euphor, capitale, dix-huit mois après le retourPhénicia, épuisée, résistait à la tentation de se laisser tomber sans aucun décorum sur l’un des fauteuils qui meublaient ses appartements personnels. Depuis le matin elle n’avait pas arrêté une seconde, visitant les sinistrés, les malades, recevant de nobles dames, et elle n’en pouvait vraiment plus. C’était son quotidien depuis qu’elle était revenue avec son frère, et elle savait qu’en tant que princesse elle se devait d’être au service de son peuple. Tout le monde s’accordait à dire qu’elle ressemblait à sa mère, cette mère dont elle n’avait aucun souvenir mais dont elle portait les bijoux sauvés par quelques fidèles, et son charme juvénile lui avait acquis le cœur de toute la planète. Pourtant, personne ne voyait les larmes voiler son regard azur parfois le soir, lorsqu’elle était seule dans sa chambre. Elle devait paraître forte face à son frère parce qu’il avait besoin d’elle, le reste importait peu.
Elle releva la tête, se retourna dans un léger bruit de soierie et avisa lady Alcéa :
« C’est bien demain que je dois visiter l’orphelinat ? », questionna-t-elle.
L’accorte dame de compagnie acquiesça avec un sourire :
« Oui, Votre Altesse, c’est bien demain… »
Les yeux bleus de la princesse glissèrent vers la fenêtre. Dehors, la nuit tombait et quelques lumières seulement pouvaient se voir dans la cité en reconstruction. Lady Alcéa et elle étaient debout dans le petit salon attenant à sa chambre, dans l’unique partie de l’ancien palais reconstruite et qui servait de résidence aux deux héritiers royaux. Elle souleva légèrement un pan de sa robe rose clair à galon d’argent fixée aux épaules par deux broches en électrum et eut un sourire pour sa dame de compagnie. Elles étaient au nombre de quatre et avaient été très patientes au début lorsqu’elle avait dû apprendre à la fois la langue euphorienne, qu’elle avait oubliée, et surtout le protocole de la cour. La vie des personnes royales relevait d’un lourd cérémonial dont, par chance, on avait juste gardé l’essentiel, mais Phénicia trouvait que c’était parfois terriblement lourd que d’être accompagnée en permanence et était heureuse de pouvoir s’isoler dans sa chambre le soir, avec ses souvenirs et ces choses précieuses qu’elle ne partageait avec personne. Pourtant, elle n’en faisait pas état devant ses dames de compagnie, restant toujours affable et souriante autant qu’elle le pouvait, se comportant aussi royalement que possible. Son frère était parfois surpris de son charisme et de sa prestance, elle pouvait le voir dans ses yeux et il le lui avait souvent dit. Elle avait dû évoluer et s’adapter très vite à ce nouvel environnement, sans avoir forcément de souvenirs de sa toute petite enfance et de sa vie heureuse auprès de sa famille sur sa planète en paix. Souvent, les quelques courtisans qui avaient survécu lui faisaient part de telle ou telle anecdote, mais tout cela ne signifiait rien pour elle vu qu’elle n’en avait aucune souvenance, même si cela lui permettait de reconstituer quelque peu le puzzle brisé de son existence.
Entra alors lady Flora, la plus jeune de ses dames de compagnie, dans un léger froissement de soie et elle s’approcha de la princesse avec une révérence.
« Sa Majesté m’envoie vous confirmer qu’il vous verra demain matin… », Dit-elle.
Phénicia acquiesça seulement, dans un léger bruit d’entrechoquement dû à l’attache de son diadème et à ses boucles d’oreilles en argent. Son frère était toujours très occupé et elle ne le voyait qu’aux repas, en tout cas lorsqu’il mangeait au palais et qu’elle était présente également. Mais, le lendemain matin, il voulait lui parler de différents projets de développement pour la planète et la consulter sur différents sujets.
« Souhaitez-vous vous coucher ? », questionna lady Alcéa.
Phénicia acquiesça :
« Oui. Je me préparerai seule, vous pouvez aller vous reposer aussi, nous aurons une longue journée demain… »
Lady Alcéa acquiesça :
« En effet, Altesse. Lady Gardénia et moi vous accompagnerons à l’orphelinat, puis à l’hôpital pour enfants… »
Il était vrai que ses dames de compagnie, ou tout du moins une, l’accompagnaient partout, et elles avaient gagné le droit de se reposer également. De plus, elle avait vraiment besoin de se retrouver un peu seule avec elle-même. Ses pouvoirs psychiques en perpétuelle évolution n’amélioraient en rien les choses, la rendant plus sensible encore et les nerfs à fleur de peau. Ses dames de compagnie lui firent une révérence et se retirèrent, la laissant seule. Enfin, elle put se laisser aller et exhala un profond soupir avant d’ouvrir la porte de communication qui menait à sa chambre. Elle s’assit devant sa coiffeuse et son miroir lui renvoya l’image d’une jeune femme magnifiquement parée mais aux grands yeux bleus inexpressifs. Nul n’aurait reconnu là la fière motarde garçon manqué, vive et impulsive, qui avait quitté la Terre une année et demi plus tôt. Les événements l’avaient obligée à poser son caractère, à dissimuler sa véritable nature plutôt impulsive derrière le vernis princier, et cela ne s’était pas fait sans heurts au début. Elle avait cependant pleinement conscience de ses devoirs et elle les accomplirait toujours quoi qu’il en fût. Lentement, elle enleva ses boucles d’oreille, puis son diadème ainsi que son voile et se considéra longuement dans le miroir. Elle eut encore un soupir et essuya rageusement ses yeux qu’elle sentait s’humidifier. Cette planète était la sienne, elle aurait dû s’y sentir chez elle, mais ce n’était pas vraiment le cas. Jamais son peuple n’aurait compris ce qu’elle ressentait vraiment, personne d’ailleurs ne l’aurait pu sauf son frère, et elle refusait de lui en parler pour ne pas l’inquiéter. Comment avait-elle pu être aussi fière de son statut de princesse autrefois alors que son sang bleu ne signifiait que devoir ?
Elle plongea sa tête dans ses mains et resta un moment ainsi pour recouvrer son calme. Puis elle se releva et passa dans le cabinet de toilette qui jouxtait sa chambre. Sa chemise de nuit, soigneusement pliée et parfumée par les lavandières du palais, y avait été déposée. Elle prit une douche, finit sa toilette et enfila prestement le long vêtement blanc à dentelles avant de retourner dans sa chambre et de grimper sur son grand lit à baldaquin. Sa tête se tourna vers la table de nuit et elle regarda avec nostalgie les deux photos qui y étaient posées. La première représentait elle-même, son frère, Alcor et Vénusia en tenue de combat et la seconde Alcor souriant devant sa moto. Elle la prit et la considéra longuement. Rien n’avait changé pour elle, il restait le seul à pouvoir faire ainsi battre son cœur et elle assumait parfaitement cet état de choses. Pourtant, lucide, elle savait qu’il avait pu se trouver une compagne qui, elle, avait le mérite d’être présente auprès de lui et de ne pas en être séparée par l’équivalent d’une galaxie. Mais pouvait-on aussi facilement faire taire son cœur ? Elle savait pertinemment que non et vivait avec, avec cependant un reste de rationalisme qui l’encourageait à envisager le pire, même si imaginer Alcor l’attendant l’aidait à tenir le coup dans cet environnement étranger et formaliste.
Sa main caressa la photo comme si, à travers l’espace et le temps, elle eût pu le faire sur son sujet vivant, et elle retint un sanglot. Pourquoi avait-elle été trop timide pour lui avouer ses véritables sentiments avant de quitter la Terre ? Ces trois petits mots si précieux mais si difficiles à prononcer auraient probablement tout changé, mais elle n’avait pas eu le courage de les lui dire alors qu’elle les ressentait au plus profond d’elle-même.
Elle serra la photo contre son cœur et se dit :
« Oh Alcor, où es-tu maintenant ? Est-ce que tu penses encore à moi ? »
Et ses larmes coulèrent le long de ses joues alors qu’elle se recroquevillait dans son lit…
« Tout est tellement éphémère
Fragile comme l'amour
Un jour faste, un jour amer
Tout se perd jour après jour
Tout n'est pas comme dans un rêve
Comme on croit tout feu tout flamme
Les voiles un jour se lèvent
Car tout se fane et tout s'achève… »
Sofia Essaidi & Christopher Stills, « Cléopâtre », « Tout est éphémère »
Cape Kennedy, Floride, VAB (vehicle assembly building)Le soleil brûlant de Floride se déversait sur l’énorme bâtiment blanc dressé fièrement au milieu du complexe. Il servait encore de temps en temps pour assembler un des orbiters de la navette spatiale américaine mais, désormais, un autre projet de la NASA y prenait lentement corps. Une énorme carcasse métallique était posée sur un échafaudage dans la partie basse de la construction et une intense activité régnait autour d’elle. L’énorme pièce était divisée en plusieurs parties avec des cloisons transportables, l’une servant de bureau d’études, l’autre de salle de réunion et, près de l’entrée, suspendu, se trouvait un bureau pour la secrétaire, le tout dans une joyeuse pagaille. Dans la salle de réunion, Alcor, vêtu d’un bleu de travail qui avait du être propre dans une autre vie ainsi que d’un vieux t-shirt de coton, examinait un plan normé que lui tendait Virginia Bean. L’ingénieur calibration était chargée de la vérification de chaque pièce qui arrivait des usines de fabrication et, cette fois, un arrivage n’était pas conforme. Elle montrait au jeune homme de quelles pièces il s’agissait sur l’un des plans d’une façon qui paraissait professionnelle mais il n’était pas dupe du tout. Son équipe était constituée majoritairement de femmes et il était l’objet de leur intérêt sentimental. Son regard noir profond et velouté avait fait des ravages parmi les ingénieurs féminins et toutes s’arrangeaient pour glisser dans leurs conversations de travail des allusions plus ou moins voilées. Si au départ cela l’avait agacé, à présent il s’en fichait royalement, uniquement focalisé sur une seule chose : son projet, l’énorme vaisseau Prometheus. C’était le premier vaisseau intergalactique conçu par l’agence spatiale américaine, avec l’aide de la JAXA (dont le Centre faisait partie et qui avait apporté une aide non négligeable au début), et Alcor en assumait la direction technique. C’était lui qui l’avait conçu voici plus d’un an et demi, portant le projet à bout de bras, se démenant pour qu’enfin il soit accepté et qu’une équipe lui soit affectée. C’étaient tous des ingénieurs de très grande valeur et deux d’entre eux, aspirants astronautes sur la navette spatiale, étaient même destinés à devenir deux des pilotes du mastodonte encore en construction. Virginia le laissa là avec un sourire et il attendit d’être seul pour se passer la main sur les yeux. Il se sentait épuisé mais c’était trop important pour qu’il se laissât aller. Des éclats de voix lui apprirent qu’une fois de plus Keira Jamison, l’une des deux pilotes, rencontrait une difficulté. Elle possédait un caractère très vif et il était la seule personne capable de lui faire entendre raison. Il passa la main dans ses cheveux en désordre comme à leur habitude et sortit du petit espace délimité pour gagner le chantier du cockpit. En effet, Keira toisait de sa haute taille Abigail White, que tout le monde appelait Abbie, et la discussion virait au vinaigre. L’une était ingénieur systèmes de décollage/atterrissage, l’autre chargée des systèmes de poussée, elles auraient dû être complémentaires mais passaient leur temps à se disputer.
« Il n’est pas question de raccourcir la sensibilité de mes stabilisateurs inertiels, sinon ce sera le crash à l’atterrissage ! », hurlait Keira.
Mais Abbie ne l’entendait pas de cette oreille :
« Je ne te parle pas de ça, tu es sourde ou quoi ? Je te parle d’augmenter leur résistance et leur réactivité, c’est tout, en les couplant avec les rétrofusées ! Leur structure interne ne sera pas modifiée !! », rétorqua-t-elle vertement.
Alcor se hâta d’intervenir.
« Qu’est-ce qui ne va pas encore, les filles ? »
Keira se tourna vivement vers lui, faisant voler la longue natte qui retenait ses longs cheveux roux frisés. Ses yeux verts se braquèrent sur le jeune homme plus petit qu’elle et sa fureur retomba bien vite. Les yeux noirs d’Alcor s’étaient posés sur elle et il la regardait calmement. Troublée, un peu de sang vint colorer son teint pâle et elle finit par répondre :
« Ce sont les stabilisateurs inertiels…Abbie veut les coupler avec les rétrofusées mais je crains qu’ils ne perdent de leur efficacité… »
Abbie croisa péremptoirement les bras.
« Je me tue à lui dire que ça n’a rien à voir du tout puisqu’on ne toucherait pas aux stabilisateurs, on se contenterait juste de les améliorer ainsi et, à mon avis, ça ajouterait à la souplesse des décollages et des atterrissages… »
Alcor regarda les deux ingénieurs et finit par trancher :
« Très bien, mais je veux que ça passe au banc d’essai avant. Au moindre problème, on n’en parlera plus. Ca vous va ? »
Les deux femmes hochèrent la tête et retournèrent à leurs occupations respectives alors que les épaules d’Alcor s’affaissaient imperceptiblement. Entre ces deux-là il passait plus de temps à jouer les juges de paix qu’à toute autre considération, mais elles étaient si compétentes que c’était là un menu désagrément. Derrière lui travaillaient la calme Kayleigh Slayton, ingénieur système de guidage, et Jawaharlal Sampata, l’ingénieur britannique d’origine indienne qui s’occupait des systèmes de détection/déflection. Ils conféraient à mi-voix au dessus d’un schéma électronique, et il se garda bien de les déranger. Des fils pendaient encore partout, mais on pouvait déjà apercevoir la future disposition des consoles de pilotage et de contrôles secondaires. Tout prenait forme à une vitesse qu’il n’aurait pas osé imaginer lorsqu’il avait jeté sur le papier les premières esquisses de ce qui devenait un peu plus chaque jour le massif Prometheus. Le premier vol, si tout continuait à ce rythme, pourrait avoir lieu dans moins de six mois, un exploit au vu de la taille du mastodonte. Ce serait le premier vaisseau humain à décollage vertical capable de s’extraire de l’attraction terrestre, conçu comme un véritable cargo de l’espace avec des moteurs issus des F1 du premier étage de la fusée lunaire Saturn V mais à fonctionnement presque entièrement photonique, bien qu’ils pussent aussi supporter les ergols normaux en cas de besoin.
Il se faufilait pour sortir du cockpit et retourner à son travail quand il croisa Marcus Grissom, ingénieur systèmes spatiaux, et Stephen Stafford, ingénieur systèmes électriques. Celui-ci l’avisa immédiatement.
« Alcor, il y a un souci avec le câblage qu’on nous a livré, ce n’est pas le bon conducteur… »
Et il lui tendit le bon de commande en expliquant :
« Ce qu’il me faut, c’est du conducteur cuivre, je t’ai écrit la référence là… »
Alcor prit le bon de commande en essayant de ne pas le salir et hocha la tête :
« Très bien, je vais aller le porter à Gail tout de suite… »
Gail, la secrétaire, s’occupait des aspects administratifs et comptables, et elle faisait très bien son travail. Il était parfaitement conscient que, sans son équipe, il n’en serait pas là, et ne manquait pas une occasion de les remercier.
Quand il ressortit du bureau, le chantier commençait à se vider car l’heure s’avançait. La plupart des ingénieurs avaient des appartements en dehors du centre spatial, certains logeaient dans les bâtiments d’habitation attenants, ce qui était son cas également. Mais il ne passait que peu de temps dans le studio qu’il habitait.
Lisa Shepard, ingénieur systèmes avionique, passa près de lui :
« Ne me dis pas que tu vas encore rester jusqu’à une heure indue… », lui reprocha-t-elle.
Alcor eut un geste vague.
« Il y a des choses que je fais mieux quand il n’y a personne autour de moi, on en a déjà parlé… »
Lisa n’insista pas et sortit. Progressivement, le calme s’étendit autour du monstre de métal, et Alcor resta longuement debout devant lui. Il avait un rapport proche avec cette chose, enfin autant qu’on pût entretenir un rapport émotionnel quelconque avec un objet inanimé. En effet, même s’il n’en parlait jamais, ce vaisseau portait ses espoirs les plus intimes, les plus secrets, puisqu’il espérait atteindre avec lui la planète Euphor. C’était pour cela qu’il y jetait toutes ses connaissances, toute son énergie, quitte à mettre en danger sa santé, puisque se trouvait sur cette planète une des choses à laquelle il tenait le plus : la femme qu’il avait élue entre toutes, Phénicia alias Maria Grace, princesse d’Euphor.
Il eut un soupir et rajusta son bleu de travail dont les manches dénouées glissaient autour de sa taille. Ce n’était pas le moment de penser à Phénicia, et pourtant il ne pouvait s’en empêcher quand il se trouvait seul le soir avec sa gigantesque création. C’était comme si, en quelque sorte, le vaisseau se trouvait être le confident de ses pensées les plus secrètes, celles qu’il n’avouait à personne. L’absence de Phénicia était comme une écharde dans son cœur meurtri et même le travail ne pouvait totalement combler cela. Il avait parfaitement compris sa décision d’accompagner son frère, elle avait accompli ce qu’on attendait d’elle mais il aurait donné encore plus cher pour qu’elle restât avec lui sur Terre et qu’enfin il pût lui dire ce qu’il ressentait pour elle. Dire qu’au début elle lui avait vraiment tapé sur les nerfs avant qu’il ne se rende compte qu’en fait c’était ce côté-là, en plus de tous les autres, qui l’avaient séduit, ainsi que le fait qu’elle puisse lui tenir tête sur une moto, aspect important à ses yeux. Phénicia avait aussi cette capacité de passer de la plus grande maturité à la mauvaise foi la plus totale mais, même si elle n’était encore qu’une adolescente en pleine évolution, elle possédait le pouvoir de le troubler incroyablement, au-delà même de ce qu’il pensait pouvoir éprouver un jour pour une femme. Il n’en était pas à sa première aventure sentimentale mais celle-ci, bien qu’elle soit restée irrésolue, était bien plus sérieuse que toutes les autres réunies, il devait bien s’avouer qu’il n’avait jamais ressenti quelque chose de pareil. Il soupira, saisit une clé à molette et grimpa l’échelle métallique jusque dans le cockpit où il entreprit de continuer le montage des consoles de guidage et de contrôles secondaires. Travailler ainsi l’empêchait de trop réfléchir et l’aidait à oublier pour un moment l’absence de Phénicia. Il passa sa main sur ses yeux rougis par le manque de sommeil, cilla et continua vaillamment. La nuit était fort avancée quand, tenant à peine debout, il posa ses outils et sortit du vaisseau en chantier. Il bailla profondément et, éteignant les lumières, sortit de l’énorme bâtiment. L’obscurité était profonde mais pas totale, et des spots éclairaient les différents pas de tirs et bâtiments annexes. L’air frais contribua à le réveiller quelque peu et il se mit à marcher lentement vers les immeubles d’habitation. Il s’étira longuement et leva la tête vers le ciel. Il regarda les étoiles un moment. Elles brillaient, étendues sur la toile sombre nocturne, et il ne put s’empêcher de se dire que sur un de ces points brillants se trouvait celle qui avait pris son cœur.
« Attends-moi, Phénicia, je vais venir te rejoindre…je ne sais pas quand, mais bientôt je pourrai te tenir dans mes bras, te dire à quel point je tiens à toi et à quel point je t’aime… », se dit-il.
Sur Euphor, quelque chose, elle ne sut quoi, réveilla Phénicia et elle bondit à bas de son lit avant de courir à la fenêtre. La nuit était totale et les étoiles brillaient dans le ciel. Un sentiment étrange la saisit alors, venu d’elle ne sut où, et elle sourit, le cœur rasséréné, avant de rester longuement à observer le ciel étoilé…
FIN
And now the english version !
Far beyond the stars…
“Play with the appearances
And make all to be beautiful
Foil the obviousness
That nobody is eternal
Alone we dream to days
And better nights
But we become and stay
Alone, in our hearts…”
Sofia Essaidi & Christopher Stills, “Cléopâtre, la dernière reine d’Egypte », « tout est éphémère »Royal palace of Fleed, eighteen months after the returnExhausted, Maria was trying to resist to the tentation of letting herself all with no decorum on one of the armchairs which were furnishing her personal apartment. Since the morning she didn’t have a pause, visiting sick people, disaster victims, receiving some noble ladies, and she couldn’t bear anything more. It was her daily routine since she came back with her brother and she knew it was her duty, as a princess, to serve her people. Everybody was saying just was just like her mother, this mother she couldn’t recall but whose she was wearing the jewels, and her juvenile charm had acquired the hearts of all the planet. However, nobody could see tears veil her blue eyes sometimes on the evening, when she was alone in her bedroom. She had to appear tough in front of her brother, the rest wasn’t important.
She raised her head, turned back with a light silky noise and looked at lady Alcéa.
“Is it tomorrow I’ll visit the orphanage?” she asked.
The lady smiled.
“Yes, Your Highness, you’re right…” she answered while nodding.
he princess’ blue eyes turned to the window. Outside, the night was falling and a few lights only could be seen in the rebuilding city. She was standing with lady Alcéa the palace which had been rebuilt and was the residence of the two royal heirs. She lifted lightly a part of her clear pink dress held on her shoulders with two electrum brooch and had a smile for her female companion. They were four and had been very patient at the beginning when she had to learn again fleedian language she had forgotten and above all the royal court protocol. The royal persons’ life was codified by a heavy ceremonial which, by luck, was a bit lighter than before, but Maria was finding very difficult to be accompanied permanently and was happy to be alone every evening in her bedroom with her memories and all these things she wasn’t sharing with anyone. Though, she didn’t say it to her companions, staying always kind and smiling, behaving as royally she could. Her brother was sometimes surprised of her charisma and her bearing, she could see it in his eyes and he had said it to her many times. She had to evolve and adapt very quickly to this new environment, without having any memories of her little childhood and her happy life with her family on the peaceful planet. Some courtiers who had survived had said her such or such anecdotes, but all these didn’t had any meaning for her because she had no memories, even if that permitted her to piece together the broken puzzle of her life.
Lady Flora, the youngest of her companions, entered the room at this moment in a light silky noise and bowed.
“His Majesty sent me to confirm he will see you tomorrow morning…” she said.
Maria just nodded in a light noise of clanking caused by the tie of her diadem and to her silver earrings. Her brother was always much occupied and she was just seeing him during the meals and she was here too. But the morrow he wanted to talk with her of some development projects for the planet and consult her on different subjects.
“Do you want to go to bed?” asked lady Alcéa.
Maria nodded.
“Yes. I’ll prepare myself, you can go and rest, we’ll have a long day tomorrow…” she answered.
Lady Alcéa smiled.
“Indeed, Your Highness. Lady Gardénia and me will accompany you to the orphanage and to the children hospital…” she said.
Her companions, at least one, were accompanying her anywhere and they earned some rest. Besides, she needed to be alone with herself. Her psychic powers in evolution didn’t make the things better, making her more sensible and on the nerves. The ladies bowed and went out, letting her alone. At last she could ease a bit and exhaled a deep sigh before opening the communication door to her bedroom. She sat in front of dressing table and her mirror reflected the image of a young woman magnificently attired but with inexpressive blue eyes. Noone could have recognized the motorcycle rider teen, lively and impulsive, who left the Earth one year and a half ago. The events had obliged her to calm down her temper, to hide her true nature behind the princely varnish and that had been difficult to the beginning. Though, she was fully conscious of her duties and she always will fulfill them at all events.
Slowly, she took her earrings off, then her diadem and her veil and looked at her reflect in the mirror attentively. He sighed again and wiped angrily her eyes. This planet was hers, she would have felt at home here but she couldn’t. Her people wouldn’t understand what she was really feeling, nobody could except her brother, and she didn’t want to talk with her brother to avoid to worry him. How could she have been so proud of her princess status whereas her blood was only meaning duty?
She put her head in her hands and stayed a while in this position to calm her down. Then she raised and went to the bathroom adjacent to her bedroom. Her night dress was there, folded and perfumed by the palace’s washerwomen. She took a shower, finished her wash, wore the long white laced cloth before going in her big four-poster bed. She turned her head to her night table and watched with nostalgia the two photos put on it. The first one portrayed herself, Koji and Venus in combat clothes and the second Koji alone near his motorcycle. She took it and watched it a long time. Things never changed for her, he was the only one who could make her heart beat that way and she was perfectly accepting that state of mind. But she was lucid too, she knew he could have found a new girlfriend who had the easy way to not be separated from him by a galaxy. But how could she make her heart silent? It was impossible and lived with, with a rest of rationalism who encouraged her to envisage the worse, even if imagine Koji waiting for her helped her to bear this foreign and formalist environment.
Her hand caressed the photo as for, through time and space, she could have done it on the living subject, and she held a sob. Why did she have been too shy to confess to him her true feelings before leaving Earth? These three little words so precious but so difficult to say could have changed everything, but she didn’t have the courage to say them to him while she was feeling them to the very depths of herself.
She hugged the photo.
“Oh Koji, where are you? Are you still thinking to me?” she said to herself.
And she burst in tears while she was cowering inside her bed…
“All is so ephemeral
Fragile like love
An auspicious day, a bitter day
All is vanishing day by day
All isn’t like a dream
Like we believe, fired with enthusiasm
The veils one day raise
Because all is vanishing and finishing…”
Sofia Essaidi & Christopher Stills, « Cléopâtre », « Tout est éphémère »
Cape Kennedy, Florida, VAB (Vehicle Assembly Building)The burning sun of Florida was flowing on the enormous white building proudly erected in the middle of the complex. It was still used from time to time to assemble one of the orbiters of the American Space Shuttle but, from then on, another NASA project was slowly developing inside it. A big metallic framework was posed on scaffolding and a hectic activity took place around it. The large room was divided in several parts with transportable partitions, one of them serving as design office, another of briefing room and near the entrance was a little office for the secretary, all that in a joyful mess. In the briefing room, Koji, wearing a boiler suit which had been blue in another life with a cotton t-shirt, was examining a normed plan held by Virginia Bean. The calibration engineer was in charge of the checking of every part which was arriving from the factories and, that time, one delivery wasn’t complying with the regulations. She was showing to the young man the parts in question on one of the plan of a professional-like way, but he wasn’t fooled by her. His team was essentially formed with women, and he was the main object of their romantic interest. His deep black eyes had attracted to him all the feminine engineers and they all were putting in their work conversations some hardly veiled allusions.
If that had disturbed him in the beginning, now he didn’t care of, his mind only focalized on one thing: his project, the enormous ship Prometheus. It was the first intergalactic space ship designed by the NASA helped by the JAXA (and the Space Science Lab which had brought an invaluable help), and Koji took on the technical direction. He had designed it one year and a half ago, bearing the project to make it accepted and to have a team allocated to it. All the engineers were very competent and two of them, who had undergone astronaut training, would pilot the ship.
Virginia left him with a smile and he waited to be alone to run his hand on his eyes. He felt exhausted but it was too important to ease him off. Raised voices learned him once more that Keira Jamison had a difficulty. She had a very vivacious temper and he was the only person who could calm her down. He ran his hand in his hair and went ouf the little space to go to the cockpit building site. There, Keira was looking up up and down Abigail White, called by everyone Abbie, and the discussion was turning sour. The first was engineer take-off systems, the other in charge of the thrust systems, they should have been complementary but had much time to argue.
« No way I let you shorten the sensitivity of my inertial stabilizers, or so it’ll be a crash at the landing…” Keira shouted
But Abbie wasn’t agreeing with her.
“I don’t speak about that, are you suddenly deaf? I want to increase their resistance and their reactivity, that’s all, by coupling them with the retros! Their internal structure won’t be modified!” she retorted.
Koji intervened in haste.
“What’s the matter, girl?” he asked.
Keira turned acutely towards him, making her long waist holding in place her long red hair fly around her. Her green eyes fixed on the young man shorter than her and her anger disappeared very quickly. Koji’s dark eyes came on her and he watched her very calmly. Troubled, a little blood colored her pale face.
“We were talking about the inertial stabilizers…Abbie wants them to be coupled with the retros but I fear them to lose of their efficacy…” she explained.
Abbie folded her arms.
“I don’t stop saying her we don’t touch the stabilizers, we will just increase their efficacy and that will make take offs and landings better…”
Koji looked at the two women and came to a decision.
“Why not, but I want it to be tested on the test bed. If there’s a problem, we won’t talk about it anymore. OK?”
The two women just nodded and went back to their respective works while Koji’s shoulders sagged imperceptibly. Between these two women he used many time to bring peace but they were so competent it was little inconvenience.
Behind him were working the calm Kayleigh Slayton, engineer guidance systems, and Jawarhalal Sampata, a british man from Indian origin who had in charge detection / deflection systems. They were speaking with a low voice about an electronic scheme and he didn’t disturb them. Many cables were hanging around, but the future disposition of the secondary controls and piloting consoles could already be seen. All was taking form so quickly, quicker he could have imagined it when he first designed what was becoming more each day the massive Prometheus. The first flight, if all could continue to this speed, could take place in six months, a accomplished seeing the size of the colossus. It would be the first human ship with vertical takeoff capable to extract itself of the earth’s gravity, designed as a real space cargo with motors developed from the F1 of lunar rocket Saturn V but functioning to photonic energy, even if they could use normal ergols if necessary.
He was getting out of the cockpit when he saw Marcus Grissom, engineer space systems. The man came to him immediately.
“Koji, there is a problem with the cables we receive lately, it isn’t the good conductor…” he said.
And he gave him the order form.
“I need copper conductor, I wrote you the reference here…” he explained.
Koji took the form trying not to dirty it and nodded.
“OK, I’ll give it to Gail now…” he just said.
Gail was the team’s secretary; she was in charge of the accountancy and administrative aspects and worked well. He was perfectly conscious that without his team the project won’t be up, and he didn’t miss an occasion to thank them.
When he went out of the office, the building site was getting empty before evening was coming. Most of the engineers had a flat or a house outside the space center but some of them had one inside the habitation buildings adjacent, it was his case. But he spent a really few hours a day in the little studio flat he lived in.
Lisa Shepard, engineer avionic systems, came near him.
“Don’t say me you’ll stay here too late” she reproached to him.
Koji had a vague gesture.
“There are some things I do better when I’m alone, we already talked about it…” he answered.
Lisa didn’t insist and went out. Progressively, calm spread out the enormous metal monster and Koji stayed for a long time in front of it. He had a close link with this thing, in fact the closer he could bond with a inanimate thing. This ship was holding his most intimate and secret hopes, because I hoped to go with it planet Fleed. It was for this reason he put in it all his knowledge, even putting in danger his health because was on this planet one of his precious things of the universe: his beloved, Maria Grace Fleed.
He sighed and straightened his boiler suit. There wasn’t the time to think to Maria, but he couldn’t help to do it when he was alone on the evening with his enormous creation. In some sort, the ship was his confidant of his most secret thoughts, the ones he didn’t confess to anyone. Maria’s absence was a splinter in his hurt heart and even his work couldn’t totally make him forget that. He understood her decision to go back with her brother, she accomplished her duty as a princess, but he would have given all for her to stay with him on Earth, at last he could have told her was he was truly feeling for her. In the beginning, she grated on him before he could understand that was this aspect of her personality which was charming him, with the fact she could stand up with him on a motorcycle, important aspect for him. Maria has too this capacity to go from maturity to the most complete bad faith but, even if she was only a teenager in evolution, she could trouble him overwhelmingly, beyond of what he thought he could feel for a woman. It wasn’t his first love affair, but this one, even if it was irresolute for now, was more serious than all the others, he had to admit he never had felt something like that. He sighed, took a adjustable wrench and climbed the metallic ladder to the cockpit where he continued the set-up of the piloting and secondary controls consoles. Working like that prevented him of thinking and helped him to forget for a moment Maria’s absence. He ran his hands on his eyes turned red by the lack of sleep, blinked and continued courageously. It was very late in the night when, hardly standing on his feet, he posed his tools and went out the enormous ship. He turned off the lights and went out the building. The darkness was deep but not complete, and some spotlights were lightening the launching pads and adjacent buildings. The fresh air awakened him a bit and he began to walk slowly to the habitation buildings. He stretched his body and raised his head to the sky. He looked at the stars during a moment. They were shining, lying on the dark night canvas, and he said to himself that in one of these bright points was the woman who took his heart.
“Wait for me, Maria, I’ll come soon…I don’t know when, but soon I will take you in my arms and say you how important you are for me, how much I love you…” he thought.
On Fleed, something, but she couldn’t know what, awakened Maria and she jumped from her bed before running to the window. The night was complete now and the stars were shining in the sky. She felt a strange feeling coming from nowhere and she smiled, her heart calmed down, and stayed a long time staring at the starry sky…
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